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La naissance de l’Amiga

lundi 9 février 2004, par Gintonic

Au début des années 80, une petite équipe nommée "Hi-Toro" (composée de RJ Mical, Dave Morse et Carl Sassenrath) voulu dépenser 7 millions de dollars dans un projet quelconque. Tous trois décidèrent de fonder Amiga Computer Inc., une compagnie d’informatique.

RJ Mical
Dave Morse (pas de photo, mais je cherche)
Carl Sassenrath

Voulant véhiculer le sentiment d’amitié, le nom Amiga fut trouvé dans un dictionnaire de synonymes. De plus, avec un tel nom, leur entreprise allait se trouver devant Apple dans les listes alphabétiques.

Logo Amiga

Par la suite, ils furent rejoints dans cette aventure par différentes personnes, dont Jay Miner, qui était auparavant chez Atari.

Jay Miner

Leur tout 1er objectif fut de créer la meilleure console de jeux du moment, car le marché était très attirant en 1982. Cependant Jay Miner et les techniciens avaient d’autres idées en tête, mais ils les gardèrent secrètes.
Avant toutes choses, ils voulurent se faire une place et un nom sur le marché, c’est ce qu’ils firent en vendant des périphériques et des logiciels achetés à d’autres entreprises.

L’essentiel de leur distribution fut le Joyboard, une sorte de manette de jeu que l’on pose à terre est sur laquelle on gesticule pour activer les switches à la base. Il proposèrent un jeu de ski et plusieurs jeux de sports.

Joyboard

Le personnel d’Amiga Computer Inc. appréciait particulièrement un jeu, il s’agissait de la Méditation Zen, où il fallait s’asseoir sur le Joyboard et essayer de rester parfaitement immobile. C’est d’ici que le terme Guru Meditation (message d’erreur de l’Amiga) tire son origine.

Guru Meditation

Selon leurs objectifs, le prix de l’Amiga aurait dû être de 400$, mais son prix grimpa alors rapidement à 600$. Pour pouvoir s’en sortir, il fallait quelque chose de plus attrayant qu’une simple console de jeux...

De plus, en 1983, le secteur des jeux vidéo vécu un énorme crash. C’est là que les idées gardées secrètes par Jay Miner et consÅ“urs devinrent intéressantes†: un clavier, des connecteurs, un lecteur de disquettes et des contrôleurs de disques.

L’Amiga est né...

L’Amiga fut introduit secrètement au CES de janvier 1984. La partie logicielle fut réalisée en 10 jours, juste avant l’ouverture du CES, et fonctionnait parfaitement en simulation. Par contre, du côté hardware, on ne pouvait pas en dire autant. Il n’était pas en silicium. Les custom chips étaient en fait des cartes électroniques, placées verticalement autour d’un noyau central. Cette machine fut appellée ’Lorraine Prototyp’.

Lorraine Prototyp

Ils travaillèrent comme des fous jusqu’à la dernière minute. Juste avant l’ouverture du CES, leurs efforts furent récompenser : l’Amiga fonctionnait. Ils purent ainsi offrir des démonstrations privées. L’Amiga fit l’effet d’une bombe, c’est pourquoi les responsables marketing furent très optimistes. Pendant tout le salon, les techniciens travaillèrent d’arrache pieds sur la machine, ils créèrent alors la fameuse démo ’Boing’.

Démo Boing

Tout ce travail avait un prix, et après le CES. Amiga Inc. fut lourdement endetté. Tout cela coûta bien plus que les 7 millions du départ. Malgré le succès engendré au salon, les investisseurs ne s’engagèrent pas. Et de nouveaux fonds étaient nécessaires rapidement.

Cependant, Amiga Inc. réussit à tenir jusqu’au CES de juin. A ce moment-là , l’Amiga était fonctionnel et en silicium. Pendant tout le salon, les personnes assistant aux démonstrations cherchèrent partout quelle machine affichait ces images.

A partir de ce moment, l’argent commença alors à rentrer et l’intérêt des médias pour l’Amiga se fit sentir. Plusieurs personnes furent embauchées. Cependant, malgré l’afflux d’argent, la compagnie avait beaucoup de peine à se maintenir à flot. Et pour réussir le passage du projet à la distribution, 50 millions de dollars auraient été nécessaires. Amiga Inc. n’avait pas cette somme et la fin de l’aventure se fit sentir. Cependant, tout le monde persévérait, acceptant de travailler sans rémunération, allant même jusqu’à hypothéquer leurs biens. Cela ne suffit pas.

Ils contactèrent alors différentes sociétés (dont Sony et Apple), sans succès.

Finalement, c’est Jack Tramiel (Atari) qui leur offrit 1 million de dollars et un mois de négociation. Connaissant la situation difficile de Amiga Inc., il leur offrit la petite somme de 98 cents par action. L’argent fut dépensé en une journée.

Jack Tramiel

Trois jours avant la fin des négociations, Commodore (CBM) appela. Deux jours plus tard, Amiga Inc. fut racheté par ce dernier pour 4,25$ l’action, et remboursa également Atari.

Logo Commodore

Commodore avait enfin trouvé le moyen de prendre le virage du 16/32bits après le succès des Vic20 et C64.

Comme par hasard, quelques mois plus tard, Atari sortit sa première machine à base de 68000 avec souris, icônes et fenêtres, le 520 ST...

Ce qu’il faut savoir, c’est que Jack Tramiel, avant d’être chez Atari, était chez Commodre. Ce fut lui qui voulu absolument l’Amiga. Mais après quelques différents avec Commodore, il partit chez Atari avec seulement le souvenir des plans de l’Amiga et non les originaux de ces derniers. C’est pourquoi, l’Atari ST ne fut qu’une sorte de ’clone’ approximatif de l’Amiga.

Commodore donna alors à l’équipe du développement de l’Amiga de l’argent, la possibilité de travailler sur des stations Sun et sur de matériel de pointe.

Etant pressé de voir les fruits de son investissement, Commodore refusa les 18 mois supplémentaires que demandèrent les développeurs pour finaliser le système.

C’est ainsi que sortit en 1985 l’Amiga 1000 avec le kickstart (l’équivalent du BIOS sur PC) sur disquette, afin de pouvoir le mettre à jour facilement, car la version 1.0 était incomplète et buguée.

Amiga 1000...
...et le kickstart 1.0

En 1987 sortirent des usines l’Amiga 2000 et un peu plus tard, le fameux Amiga 500.

Amiga 2000,
Amiga 500...
...et le kickstart 1.3

En 1988, Atari fit un procès à Commodore, revendiquant d’avoir financé la recherche d’Amiga Inc. Le jugement donna raison à Commodore.

En 1990, l’Amiga 3000 vit le jour et ce fut le 1er système 32bits.

Amiga 3000...
... et le kickstart 2.0

Le CDTV fut lancé en 1991 et se révéla rapidement un échec commercial.

Amiga CDTV

En 1992 sortit l’Amiga 600 et l’Amiga 1200.

AMIGA 600,
Amiga 1200...
... et le kickstart 3.1

En 1993 la dernière machine de Commodore sortit sous le nom de CD-32.

Amiga CD-32...
... et le kickstart du CD-32

Je ne vous ai pas énuméré ici tous les modèles sortis, mais que les principaux.

Fin 93, les comptes de CBM présentèrent un déficit de 197 millions de dollars. Ce fut en avril 1994 que Commodore fut officiellement en liquidation judiciaire.

Depuis, de nombreuses sociétés ont été intéressées par la technologie de l’Amiga, mais rien jusqu’à nos jours n’a porté ces fruits.

Le système d’exploitation de l’Amiga est appelé Workbench (ou Amiga OS).

C’était le premier dit ’multitâches préemptifs’. Un système d’exploitation est dit multitâche lorsqu’il permet de faire fonctionner plusieurs applications simultanément. Préemptif est par définition un système d’exploitation multitâche qui peut arrêter à tout moment n’importe quelle application pour passer la main à la suivante. Pour information, le multitâche préemptif n’est apparu sur Macintosh que depuis... MacOSX.

Voici deux captures d’écran, la 1ère avec le Workbench version 1.2 et la suivante avec la version 3.9. Je crois que la version 4 devrait bientôt sortir. Et oui, le monde de l’Amiga n’est pas mort...

Workbench 1.2
Workbench 3.9

Je vais vous présenter maintenant une petite fiche technique du fameux Amiga 500 (certainement l’Amiga le plus vendu de tous les temps)†:

Amiga 500
Année de sortie : 1987
Microprocesseur : Motorola 68000 à 7.14 Mhz
ChipSet : Original (OCS)
Capacités graphiques†: 320*200 ou 320*256 en 32 couleurs parmis 4096, 640*200 ou 640*256 en 16 couleurs
Kickstart : 1.2 puis 1.3
ROM : 256 Ko
RAM : 512 Ko chip
RAM extensible à â€ : 1 Mo (en interne) / 32 Mo (par le port d’extension externe)
Son†: 4 voies, 8 octaves
Lecteur de disquettes : 880 Ko
Connecteurs : 1 port ventral pour extension mémoire
1 connecteur d’extension latéral ZORRO II
2 connecteurs joystick DB9
2 connecteurs Cinch audio
connecteur lecteur externe
connecteur interface série RS232C
connecteur interface Parallèle Centronics
connecteur RGB, connecteur Cinch vidéo composite n&b
Connecteur d’alimentation

Pour mon 1er article, je vais vous faire un bref historique sur cette excellentissime machine qu’est l’Amiga. (Informations glanées sur le net)

Messages

  • Un peu trop partisan et anti-Atari à mon goût...

    Quoique tu en dises, le ST était une bonne machine, et certainement pas seulement un clone Amiga !

    Il y a toujours eu une rivalité stérile Atari-Amiga (particulièrement chez les utilisateurs Amiga)... Ils continuèrent encore à se fritter longtemps lorsque la plupart des possesseurs de l’une ou l’autre des 2 machines les désertèrent et passèrent sur PC ;).

    Je croyais que cette rivalité gratuite avait fini par cesserà– LOL :)

  • Félicitations à GinTonic pour son article sur l’Amiga. Mais, histoire de pinailler, j’apporterais bien une ou deux précisions :

     C’est Apple qui avait choisi de s’appeler ainsi pour être devant Atari dans l’annuaire et pas Amiga pour être devant Apple (quoiqu’ils l’ont peut-être fait, mais l’idée originale revient à Apple)
     L’image du Kickstart 1.0 est celle du 1.3 :)
     Quitte à ne parler que des principaux modèles d’Amiga, cela aurait été pas mal de citer le 4000 (tout de même)
     Le système d’exploitation de l’Amiga est AmigaOS tout court. Le Workbench, c’est juste l’interface graphique (qui repose sur le moteur graphique Intuition, lequel est lui-même une composante d’AmigaOS).
     Il aurait été pas mal d’expliquer que la supériorité de l’Amiga tenait essentiellement dans son chipset, lequel permettait des "accélérations graphiques 2D" inédites (à l’époque, les machines, Atari ST comprises, se bornaient à afficher les pixels de la mémoire vidéo ; l’Amiga, lui, pouvait superposer des plans, avait des effets de transparence, de scrolling et de remplissage de surfaces en rafale).

    Sinon, oui, l’Atari ST est ouvertement une tentative de "refaire" l’Amiga. Ce n’est pas un fantasme mais bien un fait historique puisque c’est parce que Jack Tramiel n’a pas pu récupérer l’Amiga qu’il a demandé aux équipes d’Atari de faire quelque chose de similaire à ce qu’il avait vu. A noter que Jay Miner est l’inventeur des puces graphiques des Atari 8 bits (800XL et compagnie) et que le chipset qui a fait la célébrité de l’Amiga (OCS/ECS, puis AGA) n’est autre qu’une version améliorée du chipset des Atari 8 bits. D’ailleurs, on peut dire que l’Atari 800XL est la version 8 bits de l’Amiga 500. En revancche, l’Atari ST, c’est un Amiga sans chipset. Bref, caractéristiques de l’Atari 800XL + caractéristiques de l’Atari ST = caractéristiques de l’Amiga.

  • Hello,

    Nigol, pour l’histoire de "qui est devant qui dans l’annuaire", je veux bien te croire... :P

    En ce qui concerne le kickstart 1.0 et 1.3, il y a un bug dans l’affichage, car si tu cliques dessus, tu auras bien la version 1.0 (c’est en fait la vignette qui bug, il faut que je voie ça avec Mr Syndic).

    Pour te faire plaisir, je vais ajouter, dès que le temps, l’Amiga 4000... :P

    Et pour finir, je ne voulais pas trop rentrer dans les détails techniques, mais ton post est un très bon complément...

    Pour "inconnu", nous nous sommes mal compris, car je n’ai pas dit que le ST était une mauvaise machine, juste que c’était une "copie" un peu en deçà de l’Amiga. Jamais je n’ai voulu relancer la rivalité entre ces 2 machines, je n’ai reflété ici que les faits.

    @+

  • Je confirme c’est RJ Mical qui a dit que le mot amiga ct bien car il sera devant APPLE, désolé pour vous j’ai cette confirmation.en ce qui concerne la guerre Atari/Amiga je ne vois pas en quoi nous pouvons les rapprocher, les machines ont leurs qualitées et defauts.L’amiga fut largement au dessus , il etait dans un autre monde, au dela du PC MAC et ATARI.Cette guerre de débile n’aurait jamais du exister.Merci au web master pour la présentation de cette histoire.

  • Bon. Après recherches, il apparaît que ni Apple ni Amiga n’ont choisi le nom de leur société pour être devant Atari (Apple c’était parce que ça rappelait vaguement un trip soixante-huitard à Steve Jobs et Amiga c’était pour casser le côté austère de l’ordinateur). En revanche, effectivement, il semble que ce soit chez Amiga qu’on s’est aperçu, après coup, que le nom avait ceci de pratique qu’il était devant Atari dans l’annuaire. Donc, désolé, je me suis trompé.
    En ce qui concerne le fait de rapprocher le ST de l’Amiga c’est amplement légitime car :
     Tramiel, n’ayant pu racheter l’Amiga, a demandé aux ingénieurs d’Atari (en l’occurrence à un indien dont le nom m’échappe) de copier le concept.
     Commodore a répondu du tac au tac à Atari en sortant un Amiga 500 qui copiait le boîtier, le nom et les caractéristiques de l’Atari 520ST.
     A l’époque, le ST et l’Amiga étaient les deux seules plates-formes "grand public" de la génération 16 bits
     Le fait que les machines avaient le même processeur, acceptaient les mêmes modes graphiques et avaient la même quantité de RAM a permis à pas mal d’éditeurs de sortir leurs jeux en même temps sur ST et sur Amiga
    Après, bien sûr, l’Amiga était plus performant. Mais plus cher aussi. Pour le grand public, acheter un Amiga revenait à acheter un Atari ST "avec options supplémentaires".

    Nigol (qui a été trèèèèès longtemps un amigaÔste)

  • Je possède toujours un atari 520st et un amiga 500, l’amiga était largement suppérieur en qualité graphique, l’atari avait l’avantage d’avoir le port pour brancher le synthé sans carte supplémentaire, l’amiga pouvait faire la même chose mais avec une carte midi se branchant sur le port parallele.
    Autre avantage de l’atari à l’époque, si aucune diquette n’était insérée, on arrivait sur le bureau en francais au bout d’une minute. Mais pour les anglophones, l’amiga avait bcp + d’options dans l’OS.
    La guerre entre Atari et Amiga a toujours été là , on le voit au démarrage des programmes. En bas de l’écran, il y a tres souvent un scrolling, hé oui, ce petit scrolling de qq ko était là pour "attaquer" les ataristes. Mais aujourd’hui la guerre est finie, la guerre a changée, c’est plutot M$ contre les autres :-)

    Dernier mot, article assez sympa mais c’est vrai qu’il manque des infos sur le système multitache et surtout les genlocks (pour le mixage vidéo analogique en temps réel).

  • Je me rappelle très bien de cette rivalité, chacun était persuadé d’avoir la meilleure machine, et pour ma part, AmigaÔste convaincu, je me souviens parfaitement de la jalousie à mon encontre par un copain possesseur d’un ST. C’était beaucoup plus rare qu’un possesseur d’Amiga jalouse et envie le proprio d’un Atari ST ;) Maintenant, plus de 15 ans après j’ai 2 Amiga 500, 1 Atari 520STE, et c’est toujours l’Amiga 500 qui est sur mon bureau, parfaitement fonctionnel, à côté de mon PC (et de mes 3 C-64).

    Jack Tramiel, toi le génie et père du Commodore 64, tu aurais dû rester au dessus de toutes ces puérilités, mais je t’en veux pas, c’est gr‚ce à toi que j’ai passé de si belles années 80 !

  • Bon article, cependant il y a une erreur, Jack Tramiel n’est pas parti chez Atari, il s’est fait remercier par Warner pour avoir pistonné son fils Sam et a racheté Atari pour une bouchée de pain, non sans avoir viré 3500 personnes au passage ( ben oui c’est pas tous ses fils faut pas déconner non plus ). Il est évident que Jack Tramiel était un opportuniste sans scrupules. Pour parler des machines, le gros avantage de l’Atari c’était son prix et son OS souple type Windows. De telle manière que même Jean Michel Jarre l’a adopté. Car je suppose que Jean Michel Jarre se foutait pas mal de savoir si un jeu affichait 16 ou 32 couleurs. A noter que l’Atari Falcon a techniquement fait beaucoup mieux depuis avec ses 256 couleurs. Si il n’y avait pas eu Bill Gates le voleur ( décidément tous les gens riches sont pourris ), on en serait encore là , nous pauvres consommateurs, à peu de choses prêt...
    Quoi qu’il en soit, Atari est toujours vivant et Commodore est ruiné.

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