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Quand "Le Monde" voit un pirate en Steve Jobs

vendredi 18 avril 2003, par Frédéric Lerner

Des jours comme... ce 13 avril (édition du Samedi Dimanche) [2], par exemple, date de publication d’un article à tiroirs signé par Laurent Mauduit et Claudine Mullard (Los Angeles). Lequel article s’enquiert du rachat possible de la filiale musique de Vivendi par Apple. Jusqu’ici tout va bien.

Pourtant, après ce qui est donné aux lecteurs comme une appréciation de certains analystes américains (qui restent dans un anonymat rappellant un sketch de Coluche sur les milieux autorisés qui s’autorisent à penser que...) surgit une autre certitude. De celles qui nous frappent de stupeur. Steve Jobs, ironie serait auteur du slogan rip, mix, burn (volez, mixez, copiez) (sic !). Heu...

Et ça poursuit : un véritable appel au piratage électronique de la musique sur Internet auquel il conviait les utilisateurs de son système iPod. Comment ? Mais que fait le ministère de la justice américain pour appréhender un pareil patron voyou sur son propre territoire ? serait-on tenté de répliquer devant cette impunité ! La phrase d’après ne nous le dit pas, mais désigne la malheureuse victime : L’industrie du disque estime que le piratage a entraîné une chute de 25% de son chiffre d’affaires depuis l’an 2000.

Vite, un verre d’eau. Alors donc, un tel patron, quasiment un hors-la-loi hein, envisagerait peut-être de racheter l’une des sociétés dont il aurait vivement participé à ce qu’elle perde de l’argent ? Le capitalisme sauvage (forcément !) n’a pas de limites !

Il y a des jours comme ça où... entre ouvrir un dictionnaire bilingue et lire un quotidien du soir, on hésite. En cas d’indisponibilité du dictionnaire (quarantaine prolongée dans un tiroir, lacérations de Pokémons), dans Sherlock, il y a un moyen d’avoir une traduction - parfois sommaire, c’est vrai - mais dans plein de langues. Comme dans cette langue très exotique et venue d’ailleurs (de Los Angeles ?) : l’anglais. On ne va pas blâmer Systran qui propose ce service gratuit aux utilisateurs de Mac (société d’origine française me semble-t-il, mais faut pas le dire en ce moment, c’est mal vu).

Essayons. Tapez : rip, mix, burn, puis choisissez de traduire de l’anglais vers le français. Déchirez, mélanger, brûlez (j’ai arrangé un peu, d’accord). Je n’obtiens pas volez. Il a du s’enfuir à tire-d’ailes.
Tout le monde peut faire des erreurs. De frappe, de code, d’interprétation, de traduction... Tout le monde et Le Monde aussi.

Allez, jouez maintenant !

Frédéric LERNER


[1640 p., 24 euros, Mille et une Nuits / Arthème Fayard.