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Bullfrog Productions

Dungeon Keeper

1997

mercredi 29 août 2018, par sky

Stratégie Temps Réel, God Game

Après des années et des années à ne jouer que le gentil devant sauver la veuve et l’orphelin, ou plutôt reines, princesses et royaumes en perdition, la très créative équipe de Bullfrog, dirigée par Peter Molyneux, dont nous avons déjà parlé ici avec le retro-test de Theme Park, nous propose de jouer les méchants. Le jeu, qui mêle God game et stratégie en temps réel, propose donc un point de vue totalement différent de tous les autres jeux que nous avions pu connaître jusque là .

En tant que maître de donjon, vous avez la lourde tâche de faire tomber un royaume en infestant chacune de ses parcelles représentées par les différents niveaux du jeu. Les héros viendront défendre leur territoire contre la noirceur de votre maléficense ! Il arrive aussi que l’on doivent aussi déloger quelques autres maîtres de donjons, moins enclins aux massacres d’humains, d’elfes et de fées.

Très novateur à sa sortie en 1997, jouer le méchant procure toujours autant de plaisir. Les qualités du jeu sont nombreuses et il ne se repose pas uniquement sur l’excellente idée de départ. A commencer par le ton de la voix off et les commentaires des différents éléments du jeu. A la fois sarcastiques, et humoristiques, ils nous confortent dans notre rôle de grand méchant.

Le but du jeu est finalement assez simple. Dans les sous-terrains des royaumes, il faut creuser la terre afin de construire son donjon, trouver des ressources puis se frayer un chemin vers les ennemis afin de les anéantir.

Le jeu est graphiquement très réussi, sorti à une époque où les premières cartes 3D apparaissent, il profite pleinement de la puissance de ces dernières gardant de nombreux éléments en sprite 2D afin de conserver une fluidité suffisante pour jouer. Le jeu gère les ombres et lumières (le curseur permet d’éclairer l’endroit visé, en temps réel), les personnages sont correctement animés. Le mélange de 2D et de 3D n’est pas choquant, bien au contraire, l’intégration est étonnante. Le rendu général est bluffant pour un jeu de cet âge, seule la résolution très faible (640x480) choquera les plus jeunes qui n’ont pas connu l’époque des écrans cathodiques.

Une fois dans le jeu, et les tout premiers niveaux d’initiation passés, ce qui impressionne le plus, c’est la quantité de contenu que propose le jeu.

En plus des nombreux niveaux, toujours d’une sacrée taille, le jeu nous propose un bestiaire conséquent, les monstres que l’on peut posséder sont nombreux, et disposent tous de capacités qui leur sont propres, mais aussi un caractère ! C’est le cas du Reaper, la plus grosse bestiole du jeu ayant un très très mauvais caractère, et qui peut se mettre à tout saccager, chez vous, si vous ne vous occupez pas de lui. Les monstres arrivent à travers le portail relié à votre donjon, appâté par le gain, si vous êtes riches ou par la présence mais aussi la taille de l’une des nombreuses salles dont peut disposer votre donjon. Par exemple, l’installation d’une bibliothèque attirera les sorciers, et ils excelleront à travailler dedans. Il en ira de même pour les trolls dans les ateliers. Il est nécessaire de porter une attention constante à ces troupes, car, si celles-ci ne sont pas contentes, elles n’hésiteront pas à repartir de votre donjon. L’ennui peut aussi les amener à se balader dans le terrain et attirer les ennemis vers votre donjon.

Votre donjon s’agrandira rapidement, chacune des salles disponibles étant dédiée à une tâches, il est souvent nécessaire de toutes les utiliser ou presque. Et lors de l’agencement de ces salles, il faudra bien prendre en compte que certaines devront s’agrandir en taille pour faire face à la demande croissante des créatures qui vous ont jointes. La première est la salle du trésor, elle permettra de stocker votre or, en attendant de l’utiliser. Une belle salle au trésor dès le début de partie peut couter cher, mais il s’agit d’un bon investissement. Car, d’un côté, cela sera nécessaire à un moment ou à un autre, et de l’autre, cela attirera rapidement les monstres les plus avides. L’antre et le couvoir sont aussi primordiaux, lieu de repos et de repas de vos bestioles, elles grandiront au fur et à mesure de l’arrivée de nouvelles troupes. Ce sont ainsi 14 types de salle, en plus du portail et du coeur, qui sont disponibles pour la réalisation du donjon le plus beau. Spoiler alert : c’est impossible, car, en plus de sans-cesse évoluer, les attaques de vos ennemis à travers des galeries rejoignant votre donjon mettront à mal vos réalisations les plus parfaites. Une mention spéciale pour la prison qui permet de récupérer les héros ou créatures ennemies tombées au combat, qui combinée, à la salle de torture permettra de les faire virer de camps et de profiter de leur puissance (il ne faudra pas oublier de les soigner, afin qu’ils ne meurent pas dans les mains des tortionnaires).

Viennent ensuite les sorts... Disponibles dans la bibliothèque, les sortilèges peuvent vous donner l’avantage au combat, qu’ils soient offensifs ou défensifs. Nous commençons chaque partie avec 2 sortilèges, le premier est la prise de contrôle d’un personnage, encore une belle idée, elle permet de se balader dans son donjon, en vue 3D isométrique, le jeu devient alors un FPS dans lequel on peut directement interagir. Si le concept est rigolo, voir utile dans certains cas, il n’en reste que pendant le temps ou vous contrôlez un personnage, tout le reste du donjon vit sa propre vie, et cela peut se faire à vos dépends. Dans un soucis de détails toujours plus poussés, certaines créatures disposent d’une vue spéciale, ainsi avec la mouche, la vue sera séparée en multiples facettes, alors que le vampire verra tout en rouge.

Le second sort est la création d’un larbin, les minions sont les créatures les plus basiques du jeu, très faible en attaque et en vie, elles permettent cependant de creuse dans la roche, de récupérer le minerai, et de fortifier vos murs. Attention, plus vous disposez de larbins, plus la création d’un nouveau sera cher. Les autres sorts doivent être découverts par vos travailleurs dans la bibliothèque, ensuite, vous pouvez les utilisez à volonté, contre un peu de votre or. Invisibilité, soin, foudre, ralliement, ici aussi la quantité fait jeu égal avec la qualité.

Parce que ce nous n’en avons pas encore fini le tour, continuons avec les pièces d’atelier. Elles sont de deux types, portes ou pièges. Une fois développés, vous pouvez placer ces éléments sur le terrain, une porte qui représentera un obstacle supplémentaire entre vos ennemis et vous, mais aussi un moyen de bloquer vos monstres pour éviter les rencontres hasardeuses lors de balades sur le terrain. Les pièges permettront d’entamer vos ennemis lors d’un assaut sur votre base, une bonne solution pour s’assurer une victoire un peu plus facile en défense. Attention tout de même, vos adversaires peuvent faire de même.

Et petite cerise sur l’énorme gateau, les terrains disposent de surprises. Des sortilèges spéciaux qui vous donneront un avantage supplémentaire. Ici encore, les bonnes idées pleuvent et la variété de sortilèges est impressionnantes.

  • Sécurité : renforce l’intégralité des murs du donjon, soit autant de temps de vos larbins de gagné.
  • Augmenter niveau : augmente d’un niveau supplémentaire toutes les créatures.
  • Ressusciter créature : permet de récupérer une créature décédée.
  • Dévoiler carte : révèle toute de la carte, utile pour y voir les pièces cachées, et les ressources infinies.
  • Voler héros : vole un héros à l’ennemi.
  • Transférer créature : envoie la créature de votre choix dans le monde suivant, à lancer en fin de partie et très utile pour bien démarrer le niveau d’après.
  • Localiser monde caché : autorise à entrer dans un niveau secret une fois le niveau en cours terminé.
  • Multiplication : duplique chacune de vos créatures, il s’agit de la surprise la plus rare.

Le seul petit bémol du jeu est la phase de combat, ou finalement, celui qui dispose du maximum de créatures et des niveaux les plus hauts, prendra rapidement l’ascendant. Les sorts, bien utilisés, deviennent une arme de poids lors des batailles, il faut cependant être rapide et précis pour en tirer parti au maximum. Mais finalement, c’est aussi ça un combat, à savoir celui qui dispose du maximum de puissance.

Historiquement, il s’agit un peu du jeu de la rupture pour Bullfrog. Il s’agit d’un des derniers de Peter Molyneux avant son départ. Et malheureusement, il s’agit d’un des premiers jeux Bullfrog qui ne soit pas sorti sur Mac. Aujourd’hui, le jeu tourne parfaitement sur DosBox, si la version Windows est plus jolie, elle est moins facile à faire tourner. Good old games propose le jeu dans sa version Gold (basée sur Dosbox) dans un joli package prêt à l’emploi pour moins de 5 €, les copies d’écran sont tirées de cette version. (Attention Dungeon keeper 2 est aussi disponible sur la plateforme, mais n’est pas compatible Mac.)

Dungeon Keeper est certainement l’un des meilleurs jeux de sa génération, frôlant la perfection sur de nombreux points. L’originalité, la quantité d’idées et chaque petit détail nous font penser qu’il s’agit d’un jeu qui a du murir pendant de nombreuses années dans l’esprit de ses concepteurs avant de voir le jour.

Portfolio

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