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C.A.Production

Hagane - The Final Conflict

1994

mardi 15 mai 2018, par benjamin

Sorti de nul part au Japon en fin 1994 sur une Super NES déjà dans la deuxième moitié de sa vie (le spectre de la Playstation se rapproche alors dangereusement), handicapé l’année suivante par une distribution américaine limitée, Hagane - The Final Conflict, tel un guerrier de l’ombre, a finalement disparu aussi vite qu’il n’est apparu. Un sort que l’on pourrait ironiquement qualifier de prédestiné pour ce qui reste encore un excellent jeux de ninja sur 16-bits…

Dès l’insertion de la cartouche, une cinématique vient brièvement expliquer le setting du jeu. Le clan Koma a attaqué le clan Fuma, mais a laissé pour mort un dernier guerrier, Hagane, qui est ramené à la vie grâce aux cyber-technologies, et qui part se venger et détruire le clan Koma. De quoi comprendre très vite que Hagane va se démarquer par son univers...

Une fois le jeu lancé, première constatation : le gameplay est fluide et très rapide, ce qui en fait un titre d’action plateforme assez unique sur SuperNES, où le rythme de ce genre de titres est en général plus posé que leurs équivalents sur Megadrive (le processeur central de la Super NES étant moins puissant que celui de sa concurrente). Les mouvements s’enchaînent vite, l’action défile et très rapidement apparaît une des spécificités de Hagane que laissait entrevoir l’introduction : on a bien affaire à un jeu de ninja, mais dans un univers complètement original où vont s’entremêler éléments futuristes, et japon médiéval pour former un mélange étonnamment réussi. Le jeu dispose ainsi d’un univers et un character design absolument grandioses, adultes et sombres à souhait, qui contrastent avec la majorité du catalogue de la Super NES.

Hagane dispose d’un système d’armement qui n’est pas sans rappeler celui de Ninja Spirit, avec 4 armes entre lesquelles il est possible d’alterner à l’envie :
 l’épée, son arme de prédilection, excellente pour les combats au corps à corps, qui sera l’arme la plus utilisée et de loin durant le jeu
 les kunai, couteaux rapides qui permettent des attaques longue distance
 les bombes, lancées en arc de cercle et qui explosent au premier contact
 le grappin, peu puissant mais qui permet de se hisser aux plafonds, globalement l’arme la moins utilisée dans le jeu.

Enfin Hagane dispose d’une attaque dévastatrice pour nettoyer l’écran, très limitée mais très utile, d’autant plus qu’elle rend invulnérable durant sa courte durée.

La palette de mouvements et d’aptitudes disponibles dans Hagane est tout simplement énorme. Le ninja se trouve ainsi capable, en plus des mouvements de bases (déplacement et attaque frontale), de s’accrocher aux plafonds et à diverses plateformes, de glisser, de se mettre en boule et rebondir sur les parois, de finir une chute avec un coup de pied…

Mais le mieux est l’ennemi du bien et cette profusion est autant à son avantage que cela peut constituer un frein. En effet, même si le gameplay s’en retrouve plus varié, et la courbe de progression encore plus intéressante pour le joueur, Hagane dispose aussi de mouvements d’attaque que l’on qualifiera d’optionnels. Tous les mouvements basés sur les gâchettes L et R de la manette (qui commencent par un mouvement de roue) sont ainsi à réserver aux joueurs les plus expérimentés, car ils sont aussi dévastateurs qu’ils sont difficiles à placer correctement. Cette dernière catégorie de mouvements n’étant en rien nécessaire pour terminer l’aventure, cette profusion se révèle au final assez perturbante au début pour le joueur. Il est donc primordial de ne pas se laisser impressionner par une telle abondance de mouvements et de réussir à y faire le tri, pour pouvoir aborder Hagane dans les meilleures dispositions.

Car une fois bien pris en main, l’expérience de jeu est vraiment grisante. Les niveaux sont peu nombreux (5 au total), mais ils sont de très bonne taille, découpés en 3, 4 ou 5 sections chacun, avec au moins un miniboss (voire plus) dans l’une de ces sections, la dernière section amenant à l’affrontement contre le boss du niveau. Certains de ces niveaux sont vraiment grandioses (en particulier le 2 et le dernier, qui n’en finit pas), et les séquences offrent de belles variations tout au long du jeu, pour mettre à profit les différents mouvements de Hagane dans certaines phases de plateforme parfois bien retorses. Le jeu se permet même à deux endroits une petite séquence sur véhicule pour varier les plaisirs.

Face à un tel déferlement graphique, les musiques pourraient être considérées comme le point faible du jeu, mais il n’en est rien au final. Certes elles n’ont rien de vraiment mémorables et pas de quoi se mesurer aux bandes sons cultes de la Super NES, mais elles collent vraiment bien à l’ambiance du titre et restent d’un bon voire très bon niveau tout au long du jeu.

La difficulté de Hagane est relevée comme dans tout bon jeu d’action qui se respecte, avec initialement beaucoup d’apprentissage nécessaire pour pouvoir progresser. Mais cette difficulté n’est jamais décourageante quand on aborde le jeu correctement, tant ce dernier sait se montrer accrocheur. Il est même tout à fait possible de terminer Hagane sans avoir recours aux continus quand on le connaît bien. Et si l’on maîtrise correctement le dernier niveau (qui est globalement le vrai pic de difficulté du jeu dans ses dernières séquences), il est même possible d’imaginer le terminer en une vie.

Hagane est souvent décrit comme le Shinobi de la Super NES, ce qui est parfaitement justifié. Des 3 épisodes Megadrive de la célèbre série de Sega, celui dont il se rapproche le plus, de par son rythme et son univers, est Shinobi 3. Même s’il n’atteint peut-être pas tout à fait l’excellence de l’opus de Sega (producteur expérimenté de ninjas depuis bien plus longtemps), il n’a pas du tout à rougir, et n’a vraiment pas mérité d’être passé inaperçu quand on connaît ses qualités.

Hagane fut le premier jeu de C.A.Production, et, si l’on en juge par la qualité de ses derniers jeux, fait maintenant figure d’OVNI au sein du catalogue récent de ce développeur. Une fois fait abstraction de la profusion de mouvements, il ne reste en effet pas grand chose à reprocher à Hagane, tant pour un premier titre, la maîtrise de la 16bits de la console de Nintendo est impressionnante (surtout quand on sait que la cartouche ne contient aucune puce supplémentaire comme certains des derniers jeux de la Super NES). Une incursion unique dans l’univers des ninjas, et un véritable coup de maître que C.A.Production ne réussira jamais à reproduire. Maigre consolation, Hagane restera un des derniers grands jeux d’action de la Super NES…

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