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Tecmo

Ninja Gaiden

1988

jeudi 5 juillet 2012, par benjamin

Action

En 1988 dans les locaux de Tecmo, deux équipes s’attellent à la création de deux jeux différents mettant en scène un même protagoniste. L’un est un beat-them-up pour les salles d’arcade, l’autre un jeu d’action destiné à la NES. Les deux jeux porteront le même nom, mais alors que le premier tombera rapidement dans l’oubli, le second débutera ce qui deviendra une des séries les plus marquantes de la 8-bit de Nintendo : Ninja Gaiden.

Aux commandes de ce qui deviendra le ninja le plus connu des jeux vidéos avec Joe Musashi de Sega, Ninja Gaiden commence avec Ryu Hayabusa, un jeune ninja, qui apprend par une lettre la mort de son père Ken, et lui demande de s’armer de l’épée familiale, et de rejoindre les Etats-Unis pour rentrer en contact avec un certain archéologue Walter Smith. La première surprise de taille du jeu vient que cette introduction n’est pas simplement fournie au joueur sur le manuel ou au dos de la boîte du jeu, mais que c’est une véritable cinématique bluffante, débutant sur le duel final entre Ken et son adversaire mystérieux, qui se lance à l’insertion de la cartouche pour venir l’illustrer.

Ce mécanisme de cinématiques deviendra une des marques de fabrique de la série, et s’étend en fait à l’intégralité du jeu, puisque toute l’histoire de Ninja Gaiden est présentée sous cette forme. Tout au long des 6 niveaux qui composent le jeu (eux-mêmes divisés en plusieurs sections et se terminant sur un boss), le jeu comptabilise 19 minutes de cinématiques au total sous forme d’écrans fixes et parfois même de séquences animées. Une véritable innovation pour l’époque, qui reste de nos jours encore une très belle réussite. A titre d’exemple, la découverte du temple vers le milieu du jeu et la cinématique qui l’accompagne n’ont rien perdu de leur force et leur intensité depuis la sortie du jeu tant la mise en scène est classieuse.

Au premier abord, le gameplay ressemble à celui de Castlevania puisque Ryu peut sauter, utiliser son sabre et accumuler de la magie (invincibilité temporaire, shurikens, ...) qu’il peut utiliser en combinant le bouton d’action et le bouton up. Mais les specificités de Ninja Gaiden apparaissent bien vite : le gameplay y est bien plus souple que dans le jeu de Konami puisque Ryu peut contrôler ses sauts et sauter de murs en murs pour se hisser en hauteur. La prise en main de Ryu est donc immédiate tant le personnage répond bien, mais cette facilité apparente s’estompe bien vite car arrive la deuxième marque de fabrique de la série : sa difficulté légendaire : les ennemis sont rapides et réapparaissent, ce qui “interdit†au joueur de revenir sur ses pas pour se mettre à l’abri, le force toujours à avancer et l’oblige à prendre des décisions rapides dans le feu de l’action et à acquérir des réflexes tranchants.

Le jeu est dur, très dur puisque se faire toucher fait reculer Ryu et si celui si n’est pas tombé dans un précipice (dont certains niveaux sont truffés), il se retrouve souvent submergé par des ennemis déjà affrontés à l’instant en plus de nouveaux qui viennent s’y additionner. Le 6ème et dernier niveau, et en particulier le segment 6-2 est à ce titre un vrai supplice pour le joueur inexpérimenté qui le découvre tant celui ci est rempli d’ennemis à projectiles, et des précipices les plus vicieux du jeu, et que passé la joie d’enfin arriver à affronter le boss dans le dernier segment, mourir à cet endroit (et cela n’arrivera pas qu’une fois...) oblige le joueur à recommencer le niveau dans son intégralité, une véritable mise à l’épreuve des nerfs du joueur.

Mais malgré toute la frustration que le joueur peut être amené à ressentir à certains moments, il convient de reconnaître que Ninja Gaiden lui fournit toujours les moyens d’arriver au bout de ses peines puisque les continus sont infinis et que les segments des différents niveaux ne sont finalement pas très longs, et que par l’expérience, ce qui paraissait au début impossible, se révèle finalement de plus en plus abordable. De plus, avec ses cinématiques, Ninja Gaiden n’est jamais avare quand il s’agit de récompenser le joueur qui fait l’effort de progresser, d’autant plus que l’histoire sait se montrer prenante. Enfin, la rapidité du gameplay que Ninja Gaiden impose au joueur est particulièrement jouissive une fois correctement maîtrisée, le ninja se mettant à virevolter et trancher avec une certaine grâce un flot rarement interrompu d’ennemis. Les musiques du jeu y sont aussi particulièrement réussies, rythmées et entêtantes durant les niveaux, plus posées lors des cinématiques, il s’agit sans aucun doute d’une des grandes bandes sons de la NES.

Ninja Gaiden n’est pas exempt de petits défauts. Les décors sont ainsi détaillés, parfois un peu trop et plus très “lisibles†, Ryu ne peut pas grimper aux murs qui n’ont pas d’échelle, et peut ainsi se retrouver bloqué sur un mur avec comme seule alternative de sauter dans le vide, ce qui peut sembler un peu bête pour un ninja de ce calibre. Les développeurs conscients de ces limites les corrigeront dès l’opus suivant, et il faut bien l’avouer, cela n’entrave globalement pas du tout le plaisir de jeu.

Ninja Gaiden connaîtra deux suites sur NES, la première, Ninja Gaiden 2 : Sword Of Chaos, reprendra quasiment à la lettre la formule du premier opus, en y gommant les quelques aspérités du gameplay et en y rajoutant la possibilité de disposer de clones, la seconde, Ninja Gaiden 3 : Ancient Ship Of Doom, cherchera à se différencier en modifiant le gameplay original en profondeur et en changeant d’univers, pour un résultat cependant un peu plus mitigé.

Ninja Gaiden connaîtra aussi quelques portages (Amiga, PC-Engine, Amstrad CPC, ...) et sera adapté dans des épisodes originaux sur d’autres plates-formes (Master System, Game Gear, GameBoy). Puis la série fera un retour remarqué en 2004 sur Xbox, dans un épisode en 3D qui, à contre-courant des productions actuelles, reprendra la difficulté légendaire de la série.

Ninja Gaiden est un jeu qui divisera les joueurs : certains trouveront dans son challenge un défi certes de taille mais extrêmement motivant, alors que d’autres seront complètement rebutés par sa difficulté. Dans tous les cas, Ninja Gaiden ne laissera personne indifférent car mise à part sa difficulté qui peut prêter à controverse, force est de constater que Ninja Gaiden réalise un quasi sans faute auxquels peu de jeux peuvent prétendre : gameplay nerveux, action frénétique, mise en scène grandiose, et superbes musiques. Un cocktail explosif qui prend son temps pour se faire apprécier pleinement, quitte à se faire détester momentanément, mais qui ne s’oublie pas de si tôt : la marque des grands jeux...

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