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Looking Glass Studios

System Shock

1994

dimanche 26 février 2012, par benjamin

FPS/Survival

En 1994, alors que le monde des FPS est encore sous l’emprise de Doom et se prépare à la sortie de sa suite Doom II : Hell On Hearth, sort System Shock sur PC. Reçu favorablement par la presse de l’époque et vite auréolé de l’étiquette "FPS intelligent", le jeu n’en reste pas moins un semi-échec commercial auprès du public à sa sortie. Le parti pris de System Shock de s’éloigner fortement de la recette qui a fait le succès de Doom le rend en effet largement moins accessible que le titre phare d’ID Software.

System Shock met le joueur aux commandes d’un hacker qui pris sur le fait en train de pénétrer sur le réseau d’une station spatiale, Citadel, accepte un marché confidentiel avec le directeur de cette station : retirer toute contrainte éthique de l’intelligence artificielle qui régit la station, SHODAN, en échange d’implants neuronaux dernier cri. Une fois la tâche accomplie, l’aventure commence au réveil du hacker à bord de Citadel, après 6 mois de sommeil cryogénique, le 6 Novembre 2072. Bien vite, le hacker découvre que SHODAN, hors de contrôle, est devenue seule maître à bord de Citadel, les machines et robots de la station à ses ordres, et l’équipage transformé en mutants errants ou simplement décimé. Rapidement en contact par email avec Rebecca Lansing, une représentante sur terre de TriOptimum, le consortium propriétaire de Citadel, le hacker apprend que SHODAN s’apprête à pointer le canon laser de Citadel en direction de la terre, et qu’il est maintenant leur seul espoir pour tenter de mettre fin aux agissements de SHODAN.

Livré à lui-même, le hacker devra explorer cette énorme station spatiale pour essayer de percer les défenses de SHODAN. L’ambiance pesante tout au long des déambulations du hacker sur Citadel constitue un des points forts du jeu. Eclairages défaillants, messages écrits au sang sur les murs, cadavres, couloirs à n’en plus finir, robots et mutants errants, munitions réduites... le climat est plus qu’oppressant, d’autant plus que les tenants de l’histoire sont assez troubles au début du jeu et ne sont révélés que progressivement durant l’aventure. L’histoire se dévoile ainsi dans les emails que le joueur reçoit et surtout dans les nombreux logs qu’il ramasse et qui retracent les événements antérieurs survenus sur Citadel. Ecrits par les anciens membres de l’équipage, ces logs décrivent leurs tentatives désespérées pour lutter contre SHODAN et sont une aide précieuse contenant des informations essentielles pour la progression.

Citadel est un véritable labyrinthe composé de 10 étages qui communiquent par des ascenceurs. Chaque étage a une fonction spécifique comme le niveau Recherche, le niveau Sécurité ou le niveau Hopital dans lequel l’aventure commence. Il est très facile de se perdre au début dans la station, heureusement, une carte est disponible dans l’interface, elle se complète au fur et à mesure de l’exporation et est annotable. De plus, pour s’y retrouver plus facilement, chacun des niveaux a été divisé en 4 quartiers (alpha, beta, gamma, delta). Certains zones de Citadel sont protégées par des portes et sont inacessibles en l’absence du code de sécurité correspondant ou de la carte d’accès spécifique, d’autres nécessitent d’ouvrir et recabler le circuit électrique contrôlant leur fermeture..

A certains endroits de la station, le hacker peut se connecter à des terminaux qui l’enverront dans le cyberespace. Le cyberespace est une composante importante de System Shock, un monde virtuel parallèle en 3 dimensions en représentation filaire, dans lequel le hacker "flotte" et peut récolter des datas et obtenir l’accès à certaines zones du monde réel. Le cyberespace étant contrôlé par SHODAN, le hacker doit se méfier des sbires virtuels qui y sont stationnés, sous peine d’un retour brutal à la réalité.

Loin d’être un simple clône des meilleurs FPS de l’époque, System Shock réussit le pari de marier action, aventure, survival et une pointe de RPG afin d’obtenir un gameplay complètement original. Bien que les combats ne soient pas aussi dynamiques que dans les modèles de l’époque, System Shock se rattrape en proposant beaucoup de possibilités peu communes à l’époque. Le moteur 3D permet ainsi de s’accroupir, ramper, se pencher sur les côtés, sauter, viser à la souris. De plus, l’équipement mis à disposition dans le jeu est plus que conséquent et varié. Il existe en fait deux types d’armes dans System Shock, les armes à munitions classiques (avec plusieurs munitions possibles pour certaines armes), et les armes qui puisent sur l’énergie du joueur. A cela s’ajoutent divers types de grenades et mines. Ces armes et munitions font plus ou moins de dégâts en fonction de la cible en face, certains types d’ennemis pouvant se montrer plus ou moins résistants à certains types d’armes. L’inventaire ne permettant de transporter que 8 armes à la fois, le joueur de plus sera amené à faire des choix au cours de l’aventure.

Pour booster ses capacités, le hacker a à sa disposition plusieurs patchs qu’il peut appliquer et qui augmentent par exemple sa vision, sa force, sa résistance, ... avec souvent quelques effets secondaires lorsque l’effet s’estompte. Le hacker ramassera de plus divers équipements qu’il pourra activer et upgrader comme une lumière, des lunettes infra rouge, une combinaison anti radiations... Ce mélange de genres et cette profusion de possibilités a un coût puisque System Shock est assez difficile à prendre en main d’un premier abord. L’interface est en effet assez austère et envahissante (bien qu’il soit possible d’en cacher la majeure partie) mais surtout la possibilité de déplacer le personnage entièrement à la souris est assez perturbante et finalement peu pratique à l’usage, l’utilisation du clavier restant bien plus précis et agréable, malgré le nombre de touches nécessaires pour contrôler entièrement le personnage (16 pour réaliser toutes les actions, la souris ne servant alors plus qu’à pointer les ennemis, les objets et l’interface).

Néanmoins, une fois pris en main, l’immersion dans l’univers cyberpunk de System Shock est totale et l’expérience proposée unique. Le charisme de SHODAN y est pour beaucoup, bien qu’étant un ennemi invisible durant l’aventure, elle n’en reste pas moins dangereuse, et tentera régulièrement d’intimider le hacker lors des contacts par email, et de se venger à chaque fois qu’elle sera contrariée par ses agissements. La durée de vie du jeu est plus que conséquente, plusieurs dizaines d’heures d’angoisse dans les couloirs de Citadel sont ainsi à prévoir pour en voir le bout. Il est d’ailleurs amusant de constater que contrairement à de nombreuses autres productions (actuelles), le joueur n’est jamais interrompu durant l’aventure puisque System Shock ne contient en tout et pour tout que 2 cinématiques, celle d’introduction et celle finale, tout en pouvant se targuer d’avoir un scénario, un univers et une ambiance des plus réussis.

Développé par Looking Glass Studios (Ultima Underworld I et II, Thief : The Dark Project), et produit par Warren Spector (qui se rendra célèbre quelques années plus tard aux commandes de Deus Ex), System Shock a été décliné en 2 versions, disquettes et CD-Rom, sorties à quelques mois d’intervalle. L’édition CD est une amélioration de la version disquettes puisqu’elle permet de pousser le jeu dans des résolutions plus élevées (jusqu’à 640x480), et surtout de profiter d’un doublage très convaincant pour tous les logs et mails. SHODAN devient en particulier encore plus menaçante avec une voix féminine métallique et froide si caractéristique. System Shock fut également adapté sur Mac dans sa version CD.

Malgré son relatif insuccès, System Shock connaîtra une très bonne suite en 1999, System Shock 2, à l’aspect RPG plus prononcé, qui marquera le retour de SHODAN, mais qui comme son prédécesseur ne connaîtra pas le succès attendu. Il faudra attendre 2007 pour voir la recette System Shock rencontrer un succès unanime, tant auprès des critiques que des joueurs, avec la sortie de Bioshock, successeur spirituel de System Shock.

Exigeant et déroutant avant de pouvoir être apprivoisé, System Shock n’en reste pas moins extrêmement récompensant, et extrêmement marquant une fois achevé. En plaçant le joueur dans un état de tension constante et en lui faisant vivre le combat d’un homme pour sa survie face à la folie de la machine, il parvient à émuler à la perfection le sentiment de solitude et de peur en environnement spatial hostile. Amateurs d’ambiance stressante, une expérience unique vous attend : "Welcome to Citadel station"...

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